Illustration de couverture Christophe Vacher
Sommaire
Le pêcheur d'étoiles
Chambre avec vue
Victime de l'année
Le fils du robot
Le médecin dans la jungle
De plus belles demeures
Prisonniers sur Terre
Une pomme pour la maîtresse
Emily et les bardes sublimes
La petite école rouge
Poêle volante
Éditorial
Lorsque, voici quelques années, Robert Soubie vint me trouver à propos de Robert Young, un auteur dont il savait combien j’étais l’un des admirateurs pour avoir, dans la revue Galaxie, rédigé une petite étude à son sujet, puis réalisé deux recueils aux Nouvelles éditions Oswald (NEO), c’était pour m’annoncer qu’il avait réuni un grand nombre d’inédits en France et qu’une “intégrale” serait la bienvenue à propos d’un auteur qui partagea si souvent, et pour le bonheur des lecteurs, le sommaire des productions de chez Opta.
De mon côté, je disposais également de textes que Young m’avait envoyés à l’époque, dont deux qui figurent d’ailleurs dans les deux recueils de l’éditeur de la rue de Babylone : “Quand la miséricorde” in Le Pays d’esprit et “La Fille qui arrêta le temps” in Le Léviathan de l’espace.
Malheureusement, deux événements vinrent contrarier ce projet sans doute trop ambitieux. En premier lieu, le refus des éditeurs consultés qui arguèrent que les recueils de nouvelles ne se vendaient pas, à l’exception des auteurs majeurs de la SF anglo-saxonne. En second lieu, le décès prématuré de Robert Soubie, dont je salue la mémoire, et qui avait édité, à ses frais, plusieurs romans d’un auteur lui aussi trop vite oublié, Stanley Weinbaum.
Cependant, je ne m’avouai pas vaincu.
Grâce à Pierre Gévart, je pus faire publier dans le Galaxies qu’il dirige, “Mademoiselle Kathy Trois” (n° 35) et “La Machine à voyager dans le temps” (n° 53). Puis, en prenant la direction de la présente revue, Gandahar, soutenu par ma rédactrice Christine Brignon qui découvrait le talent exceptionnel de Robert Young, furent publiés “Aux premiers âges” dès le n° 2, et surtout un n° 8 qui lui était entièrement consacré et dans lequel figurent à tout le moins deux chefs-d’œuvre : “La Fille aux cheveux d’or” et “Petit chienperdu”.
Le présent numéro a été composé à partir des nouvelles que Robert Young m’avait adressées autrefois et qui n’avaient pas encore été traduites. Elles figurent ici grâce à deux traducteurs bénévoles : Jennifer Jaffeux, professeure d’anglais, et Georges Bormand, bien connu pour ses compétences dans le milieu de la S.F. Se trouvent aussi deux textes déjà été publié auparavant mais qui nécessitaient une révision : “La petite école rouge”, paru dans le désastreux Galaxie édité dans les années cinquante et peu scrupuleux quant à l’adaptation des nouvelles qui figuraient dans ses pages, et “Émily et les bardes sublimes” que Robert Soubie avait jugé bon de reprendre.
À l’occasion de la parution de ce numéro 34, nous avons décidé de ressortir notre numéro 8 épuisé : Robert Young I, en lui ajoutant une histoire qui n’avait jamais été reprise depuis sa parution, “L’Ascension de l’arbre” qu’Alain Dorémieux présenta ainsi lors de sa parution dans le n° 73 de Fiction en 1959 : « Robert Young a un sens tout particulier – et épique – de la nature, comme il l’a montré dans sa mémorable nouvelle “La Déesse de granit” (publiée dans notre n° 64). L’homme primitif peuplait la nature de dieux et de déesses qui incarnaient la forêt, la mer, le tonnerre et le désert. Après sa montagne en forme de femme, l’auteur nous montre ici un arbre gigantesque et les hommes qui le détruisent, et il suggère que, tout au moins sur le plan de la psychologie des profondeurs, les primitifs avaient raison. »
Ce numéro que nous consacrons une nouvelle fois à Robert Young ne sera peut-être pas suivi d’autres tentatives. Mais ceux qui trouveront dans ces pages de quoi s’enthousiasmer pour un auteur dont le seul reproche que l’on puisse lui faire, c’est de n’avoir guère écrit de romans – ce qui lui aurait sans doute évité de sombrer dans l’oubli et valu plus de considération puisque, même aux USA, il semble être un total inconnu –, faute de disposer des numéros des revues Fiction et Galaxie où il figure, nous ne pouvons que leur recommander dans La grande anthologie de la science-fiction : “Septembre avait trente jours” in Histoires de robots, “La Déesse de granit” (cité plus haut) in Histoires de planètes et “Idylle dans un relais temporel du XIe siècle” in Histoires paradoxales.
Je terminerai mon propos en reprenant la dernière phrase de mon article “Robert Young, le barde de la science-fiction” (Galaxie n° 105, février 1973) : « Le pays d’esprit de Robert Young offre de merveilleux paysages, ceux que chacun de nous porte au fond de lui, encore faut-il avoir le courage d’aller les explorer. »
Bonne lecture
Jean-Pierre Fontana